Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon Calidoscope : le monde de Cali en images
18 mai 2014

2014#35 : Chesstomb de John Ethan Py

ChesstombRésumé
« Son corps meurtri et griffé avait pris une teinte bleuâtre se confondant avec celle du sapin, si bien que ceux qui le trouvèrent crurent un instant à une statue végétale surgie de l’arbre lui-même. »

1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.

2001.
Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y enquêter. Accumulant une somme de documents qui fera date dans l’histoire du journalisme d’investigation, il remonte peu à peu l’histoire de la ville. Jusqu’à cette fameuse année 1922 qui a vu la querelle de plusieurs médecins tourner au tragique. Le plus étrange : tout indique que le personnage de Lovecraft aurait son origine dans ce drame.

John Ethan Py accomplit la performance de mise en forme de ces documents presque oubliés, créant une œuvre vertigineuse, où le réel et l’imaginaire s’entremêlent avec une force insoupçonnée.

 



 Date de parution : 15/04/14
Editeur : Editions de l'Homme Sans Nom
Présentation : Broché
Nb. de pages : 390 pages

 

 

 

4 sur 5

Un très habile jeu de flou total du début à la fin, qui amène une ambiance très particulière.

 

Comme elle va être compliquée à rendre, cette chronique !! Non parce que je n'ai pas aimé et que j'ai peur de le faire savoir à l'auteur, parce qu'au contraire, j'ai vraiment passé un super moment (j'ai pourtant mis du temps pour le lire, mais c'est une question de contexte perso je crois). Non, mon problème va plutôt être de vous en parler sans trop vous en dire. Et en l'occurrence, j'ai l'impression que tout serait "trop en dire", même si je ne vous donne aucun élément de l'histoire. Ca craint, lol.

J'ai commencé ma chronique et je ne sais toujours pas de quoi je vais bien pouvoir vous parler.

Il y a quelques semaines, l'auteur me proposait de recevoir son livre. Connaissant et adorant au plus haut point sa maison d'édition, qui nous publie des ouvrages d'une grande qualité, et ayant déjà craqué sur la couverture, j'ai sauté sur l'occasion. D'autant que derrière cet auteur inconnu se cache un mystère qu'il m'a révélé, chanceuse que je suis (naaaaaaaaaaan, tu ne sauras rien xD ) et ça m'a donné encore plus envie de me jeter sur ce livre.

Bref, ensuite, ma camarade blogueuse Allison d'Allisonline m'a proposé une lecture commune sur ce titre. Avec le recul, ce n'était pas le meilleur titre pour une premiere LC toutes les deux, car il est tellement bourré de mystères et de révélations et de re-mystères par dessus qu'on ne peut absolument pas en discuter si on n'en est pas exactement au même niveau dans la lecture lol. Mais bon, c'était quand même super sympa de partager ensemble la lecture de ce livre qui est pour le moins hors du commun.
En effet, je vous disais que, connaissant la maison d'édition qui a publié cet ouvrage, j'y suis allée les yeux fermés, en toute confiance. Cependant, il faut quand même savoir que ce roman n'a absolument rien à voir avec ce que publie habituellement Dimitri, responsable éditorial des éditions de L'homme sans nom. Quand je dis "rien à voir", je parle de la forme et du fond, pas du tout de la qualité. En effet, cet ouvrage est tout aussi bien écrit que le reste, et ne laisse pas le lecteur insensible. Mais ce sont là les deux seuls points communs avec les autres parutions de la maison.

Le livre est agencé de façon très spéciale. Ce n'est pas une histoire qu'on découvre d'un tenant, à l'intérieur. Ce n'est pas un roman à proprement parler, mais le travail de toute une vie d'un journaliste. Ses chroniques, les documents qu'il a réunis, des archives, qui nous sont livrées de façon plus ou moins agencée, et qui concernent les évènements particuliers survenus dans la petite ville de Chesstomb (où personnellement, je n'aurais pas spécialement envie d'aller passer des vacances, vu ce qui s'y trame.)
Et toute la particularité du livre se trouve ici. En fait, on passe toute notre lecture à se demander où commence le travail de John Ethan Py et donc, le romancé en lui-même, et où s'arrête le travail du journaliste en question, Shelby Williams. Ou même s'il existe vraiment. A aucun moment on ne peut être sûr du narrateur, ni de la réalité des faits, on cherche pendant 390 pages à déméler le vrai du faux, la réalité du cauchemar, le réel de la fiction.
Et c'est une gymnastique plutôt déstabilisante au début, mais qui finit par vous accrocher réellement, au point d'en devenir terriblement addictive.

Sur les 50 premières pages, j'étais complètement paumée. J'ai eu l'impression de changer sans arrêt de narrateur (pas sûre que ça ait été une impression d'ailleurs) et de ne pas pouvoir voir où tout cela nous emmenait. Et j'ai d'abord pensé que je n'allais pas du tout aimer cette lecture. Et puis, insidieusement, sans m'en rendre compte, à peu près au moment où on commence à entrevoir un fil conducteur à tout cela, je me suis complètement prise au jeu de ce "flou" total, de ce sentiment d'être un peu larguée, de ne pas tout comprendre, qui est je crois complètement le but de l'auteur. Nous perdre dans les évènements au point de plus savoir où on en est et à quels éléments on peut se fier. L'ensemble est si bien mené qu'il est quasiment impossible de tenir une théorie qui tient la route plus de deux pages. Limite si on a pas l'impression de devenir un tout petit peu barge sur les bords.

Je ne vais évidemment absolument rien vous raconter de l'histoire, franchement, tout ce que je pourrais vous dire vous gâcherait forcément quelque chose à la lecture, et ce serait trop dommage, mais je vais vous dire juste une chose. A la fin, quand j'ai cru qu'enfin toutes les pièces du puzzle avaient trouvé leur place et que j'avais ma réponse tant attendue, badaboum, le puzzle s'est complètement remélangé à nouveau, et je suis restée comme une andouille avec mes pièces de puzzle partout, et avec des yeux ronds comme des soucoupes. Eh oui, parce que jusqu'au bout, la théorie qu'on a passé tant de temps à imaginer se ramasse la gueule comme une crotte, et retour au point de départ, avec une nouvelle piste, qui peut, ou pas, être la bonne.

Ce flou artistique magistralement orchestré (il faut bien le dire) fut l'élement que j'aurai le plus apprécié dans ce roman, tout en étant pourtant au départ, ce que j'avais cru que j'aimerais le moins. Bizarre, hein ? :D

Bon, je l'avoue, il y a aussi un "certain type de personnages secondaires" qui m'ont énormément plu, parce que j'en suis total fan... Que ceux qui connaissent bien Le Calidoscope y voient un indice de ce qu'on peut trouver dans ce livre. Ces personnages, qui ne sont pourtant pas clairement identifiés comme tels, amènent leur lot de scènes bien gores, avec "du sang, des tripes et des boyaux", bref, tout comme j'aime \o/ ! Ce fut le deuxième élément qui m'aura vraiment bien accrochée.

Je ne peux pas dire que je me sois forcément attachée aux divers personnages, d'abord parce qu'ils sont très nombreux, et pratiquement tous narrateurs à un moment donné, et que donc, on ne les connaît pas très bien individuellement. Mais ensuite, parce qu'ils ont plus ou moins tous l'air d'être de sacrés fous furieux, voire un petit peu psychopathes sur les bords (quand je vous dis que je n'y mettrais pas les pieds, à Chesstomb !). C'est du moins l'impression qu'ils donnent tous au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.

On sent clairement dans ce livre l'influence de Stephen King. Chesstomb ne s'en cache pas d'ailleurs, avec divers clins d'oeil plus ou moins évidents, mais pas pour plagier, plutôt comme une révérence, une façon de montrer son admiration. Stephen King étant mon deuxième auteur chouchou dans tout le monde entier de l'univers, je ne pouvais qu'y être parfaitement sensible.

La couverture de Chesstomb est une pure tuerie, encore plus en vrai, normal, elle a été réalisée par Alexandre Dainche l'un des illustrateurs fétiches de la maison d'édition (et quand on regarde l'ensemble des couvertures, on comprend bien pourquoi !) il était donc évident qu'elle me ferait de l'effet :)

En résumé, NON, ce livre n'a rien à voir avec la ligne éditoriale de L'homme sans Nom, mais OUI, il faut absolument que vous le découvriiez. C'est très très spécial, vous n'aurez sûrement jamais rien lu qui s'en approche, de près ou de loin, et il vous inspirera des sentiments tout bizarres, tour à tour le malaise, l'addiction, l'écoeurement, le plaisir, tout cela mélangé au shaker avec un peu de glace pilée, et hop, cul sec !

Vous n'y serez pas insensibles je peux vous le promettre, mais pour pouvoir savourer vraiment l'ensemble de ces saveurs un peu déroutantes, il vous faudra pousser jusqu'au bout du livre, jusqu'à la dernière page, car c'est dans l'arrière-goût de la dernière bouchée que vous découvrirez sous vos papilles cette saveur spéciale, la surprise du chef, cette "wahou touch" qui fait tout l'ensemble, et qui permet vraiment de dire que cette lecture ne fut pas juste bizarre, mais "putain, trop bizarre cette lecture, mais c'était dingue !" ;)

Alors go go go ! Venez à la rencontre d'un livre qui ne ressemble à aucun autre !

 

Maintenant, je vous conseille un deuxième avis médical éclairé, celui d'Allison avec qui j'ai eu le plaisir de découvrir ce livre.

Cali

Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 174 476
Publicité
Albums Photos
Archives
Mon Calidoscope : le monde de Cali en images
Newsletter
Publicité